Qui était là le premier ?
La Montagne rouge de Olivier Truc
Enclos de la Montagne rouge, sud de la Laponie. Sous une pluie torrentielle, les éleveurs procèdent à l’abattage annuel de leurs rennes. Mais dans la boue, on retrouve des ossements humains.Qui est ce mort dont la tête a disparu ? Cette découverte va devenir l’enjeu majeur d’un procès exceptionnel qui oppose forestiers suédois et éleveurs lapons à la Cour suprême de Stockholm : l’appropriation des terres. A qui appartiennent-elles ? A ceux qui ont des papiers officiels (les forestiers) ou à ceux qui peuvent prouver leur présence originelle (les Samis) ?
Klemet et Nina, de la police des rennes, sont chargés de retrouver le crâne. Au cours de leurs investigations qui vont les mener jusqu’à Paris, ils vont croiser des personnages étonnants voire inquiétants : des archéologues, des spécialistes de l’anthropologie raciale, et surtout Bertil un vieil antiquaire qui travaille avec Justina, fringante octogénaire, à la tête d’un groupe de marche nordique et animatrice de bilbingo, un loto très populaire en Suède.
La quête du crâne
Après Indiana Jones et le crâne de cristal, la police des rennes et le crâne mystère. Avec l’aide d’éminents spécialistes, Klemet et Nina vont découvrir que ce type de vestiges suscite bien des convoitises et que l’étude scientifique des crânes cache parfois une réalité peu avouable. Parce que de la mesure des crânes aux théories de la race aryenne, il n’y a qu’un pas à franchir…
Olivier Truc a trouvé un style bien à lui, plus proche du « nature writing » que du thriller noir et sanglant ! Sur fond d’espaces sauvages et de paysages grandioses, il s’inscrit dans la tradition du polar politique en se faisant le porte-parole des Samis menacés de tout perdre : leurs terres, leur mode de vie, leurs traditions au profit de la « civilisation ». Il dénonce aussi les pratiques des collectionneurs privés d’ossements humains (et oui, ça existe !) et il se donne même le droit de fouiller dans les poubelles de l’histoire de la Suède qui a stérilisé des milliers de femmes…
Bref, un polar ethnologique qui vous donnera parfois mal au crâne mais que vous aurez du mal à lâcher. A lire dans son fauteuil devant un bon feu de cheminée…