Ascension et décadence dans les cartels colombiens…
Cuervos de Marazano et Durand
Joan, 10 ans, est un gamin des rues qui vivote dans les favelas de Medellín, en Colombie. Entre petits boulots, vols et lutte pour sa survie, il traverse tant bien que mal un quotidien fait de meurtres, de prostitution et de drogue.
C’est le nez plongé dans un sac de colle qu’il va choisir son destin. Rejoindre Miguel, éducateur syndicaliste qui lui propose un foyer et un moyen honnête mais dur de gagner de l’argent, ou accepter l’offre d’Ernesto, homme de main du Cartel de Medellín, qui lui propose de l’argent facile pour un assassinat. Tel est le choix qui orientera son avenir.
Le choix sera rapide pour cet enfant en manque d’amour, qui cherche désespérément un moyen de sortir de sa misère, et qui veut plus que tout être reconnu et respecté. On le suivra tout au long de sa vie dans son ascension vers l’argent et le pouvoir, faite de meurtres, de trahisons et de complots.
« Cria cuervos y te comeran los ojos » : élève des corbeaux et ils te mangeront les yeux
Cuervos est un ouvrage dur qui dépeint sans concessions une réalité glaçante : celle des enfants tueurs de Colombie. Aussi appelés sicaires, ces jeunes sont embauchés avec une poignée de billets pour exécuter les basses besognes des cartels en éliminant les gêneurs.
Il est difficile de ne pas éprouver un peu de compassion pour Joan, pauvre enfant qui voit sa mère se prostituer pour essayer de les faire vivre, et qui trouve dans son travail pour le cartel le seul espoir d’une vie meilleure. Il est toutefois dur de ressentir de la sympathie pour cet être meurtrier, qui va assassiner ses amis les plus proches pour grimper les échelons le menant jusqu’à la gloire.
Presque un documentaire, ce livre nous interpelle sur le monde des cartels en Colombie, en décrivant l’un des plus connus : le Cartel de Medellín, qui fut dirigé par Pablo Escobar. La question de la relation entre monde politique et criminel y est très présente et cette notion de corruption nous amène à nous interroger sur les failles notre système actuel qui crée ces enfants tueurs.