Ballade irlandaise
Le chant de la pluie de Sue Hubbard
C’est sur la côte ouest de l’Irlande, au sein d’une nature sauvage, âpre et magnifique à la fois, que Martha, qui vit et enseigne à Londres, est venue faire le point sur sa vie. Son mari, irlandais, brutalement décédé, possédait là-bas un cottage, dans son village natal, face à l’océan et aux inquiétantes îles Skellig. Il y allait souvent – seul ? – et elle plus rarement. Il y a la pluie, les embruns, les feux de tourbe, d’incroyables couchers de soleil, les pubs enfumés où tout le monde chante de vieilles ballades. Et des rencontres, souvent inattendues…

Un nouveau départ
Le roman s’ouvre sur une scène du 6ème siècle après notre ère, en l’an 520 plus précisément, lorsque quelques moines courageux ou inconscients se lancent à l’assaut des îles de Skellig sur la côte sud-ouest de l’Irlande. Sur ces rochers inhospitaliers battus par les vents, ils vont ériger une petite communauté tournée vers Dieu..
Près de 1400 ans plus tard, c’est Martha, enseignante à Londres et veuve depuis peu, qui revient dans cette région. Elle s’installe dans un cottage que son mari Brendan possédait face à l’archipel des Skellig. Seule dans cette nature sauvage, les souvenirs resurgissent. Elle se rappelle les jours heureux avec Brendan et leur fils Bruno, décédé tragiquement à l’âge de 10 ans. Au fil du temps, elle renoue le contact avec des voisins et fait la connaissance de Colm, un jeune homme poète et musicien, amoureux de l’Irlande et de sa culture. Mais ce pays cache une autre réalité moins reluisante : nouvel eldorado européen, l’Irlande est devenue une sorte de « Disneyland celtique » attirant les requins de l’immobilier et de la finance, défigurant les paysages et transformant les mentalités. Et la région des Skellig n’échappe pas à leur convoitise…
James Joyce, maître à écrire
Sue Hubbard nous raconte une histoire simple en utilisant un processus littéraire inspiré de Ulysse de James Joyce, écrivain anglo-saxon dont l’oeuvre préfigure la littérature moderne. Comme chez Joyce et son personnage Leopold Bloom, le quotidien et la vie de Martha sont un prétexte pour évoquer l’Irlande contemporaine qui peu à peu s’éloigne de son identité propre.
Un récit de l’intime envoûtant porté par une écriture poétique qui sublime les couchers de soleil et transcende la nature sauvage d’une Irlande qui pourrait être amenée à disparaître… Une belle découverte….