Chansons sous-marines
Léviathan de Flavien Berger
Personnellement, j’ai beaucoup de mal avec la chanson française. Bien qu’aimant la langue française et sa richesse, je reste souvent perplexe en écoutant les textes des musiciens français (je généralise bien entendu, et ne prétends pas tout connaître !).
Or pour une fois, à l’écoute de « Léviathan », j’ai eu plaisir à entendre des textes poétiques, en français, bien écrits, bien chantés…
Je bois l’alcool de palme
Dans une alcôve de marbre
Et je distille mes larmes
Pour oublier tes charmes
(Vendredi)
Parfois sybillins, parfois explicites, les mots de Flavien Berger sont aussi efficaces par leur sens que par leur sonorité. On notera une passion pour les thèmes aquatiques, retranscrite aussi bien dans les choix lexicaux (sur quasiment tous les morceaux) que musicalement. On a souvent le sentiment de plonger dans l’océan, de voir ondoyer des algues et nager des poissons…
Musicien autodidacte, Flavien Berger mêle des influences aux antipodes les unes des autres : chant de crooner, musique techno martiale ou 8-bits, coldwave, pop, voire même rockabilly, tout se croise et s’entrelace sans se heurter.
Adieu vide tellurique
La mer avale mon coeur
Les limbes aquatiques
Effacent les plongeurs
(Abyssinie)
De plus, en artiste complet, il propose des clips complètement fous qui illustrent d’une façon improbable mais souvent très juste ses titres : voir l’exemple de « Vendredi » ci-dessous !
En dix morceaux, dont deux instrumentaux et le colossal morceau titre « Léviathan » (15 minutes environ…), Flavien Berger livre un album d’une homogénéité et d’une fraîcheur inattendues. Un vrai bel album de chanson française !