Ecrire pour vivre
Ecume d’Ingrid Chabbert
La vie et l’amour
La couverture de cette bande dessinée est belle : une femme se tient debout sur une barque. Celle-ci vogue sur des vagues de livres. Attirant.
Dès les premières pages nous devinons un drame : une femme tombe et se noie dans une mer rouge de sang. Réveil en sueur : c’est un cauchemar.
Deux femmes s’aiment et veulent avoir un enfant. Il y a eu des échecs, sources de grandes souffrances… jusqu’au jour où la bonne nouvelle arrive, elle est enceinte. Mais la grossesse se passe mal et le pire arrive.
On ne connait pas les prénoms des deux jeunes femmes, cela permet de garder une distance tout en parlant à chacun d’entre nous. A la lecture de la dernière page nous apprenons que l’auteur Ingrid Chabbert s’est inspirée de son histoire personnelle pour ce roman graphique.
Osmose entre texte et illustration
L’illustratrice Carole Maurel dessine avec justesse les émotions en passant de planches colorées à d’autres en noir et blanc lors de la période du deuil. Images percutantes et sobres en même temps. Ainsi sans aucun mot on ressent la douleur, le froid, le désespoir glacial. Puis peu à peu la vie reprend le dessus, lentement. On le voit avec les petites touches de couleurs, une touche par page, puis très lentement toutes les planches redeviennent colorées. La vie et l’amour des deux femmes sont exprimés tout en pudeur et en finesse tout au long de la bande dessinée.
L’écriture est présente tout en filigrane : l’une des deux femmes écrit en attendant le bébé, elle écrit lorsqu’elle est enceinte. Puis le deuil suspend tout. Et finalement l’écriture devient salvatrice au moment de l’édition de son premier livre pour enfant. Naissance d’histoires afin de retrouver le goût de vivre et de rendre hommage au bébé parti trop tôt.
Merci pour cette belle chronique 🙂