Le génie ne peut-il s’exprimer que par la souffrance ?
Whiplash, de Damien Chazelle

Attention ! Ce film a été réalisé par des professionnels, n’essayez pas de faire la même chose à la maison !
En voilà un titre qu’il est bien. En fait c’est un peu le postulat sur lequel Damien Chazelle semble avoir conçu son film, postulat contestable à la base, mais magistralement illustré dans ce long métrage, notamment grâce à la performance d’acteur de J.K. Simmons (assez proche ici de son rôle de chef de gang néo-nazi dans la série Oz).
Mais commençons par le commencement !
Jouer à en saigner
Andrew (Miles Teller, pas très expressif je trouve, mais assez crédible pour ce personnage finalement), 19 ans, vit seul avec son père à New-York. Ils vont parfois au cinéma tous les deux, mais la seule vraie passion d’Andrew, c’est la batterie. La batterie jazz, précisément.
Il joue dans un conservatoire à Manhattan, la concurrence est rude, et notamment pour rentrer dans la classe du professeur Fletcher, autant réputé pour ses directions d’orchestre que pour sa férocité et sa dureté vis-à-vis des élèves…
Pour faire court, sans pour autant tout révéler, Andrew est un jour remarqué par Fletcher, qui n’aura de cesse désormais de faire sortir le génie qui est en lui, en le poussant à bout physiquement et psychologiquement.
Un film fort, des fois un peu trop
J’ai beaucoup aimé ce film. Quand je l’ai vu, je l’ai trouvé très prenant, très fort, et plutôt bien tourné. Cependant, après quelques jours, et un re-visionnage, j’ai trouvé quelques ficelles un peu visibles : absence quasi-totale de personnages secondaires, emphase sur le sang (avec comme summum la scène de l’accident), et surtout, seulement deux morceaux travaillés par Andrew !

Fletcher ne crie que quand il n’est pas content. Et il n’est jamais content.
« Je voulais réaliser cette histoire comme un thriller et les scènes de musique comme des combats de boxe. »
Effectivement, la musique est présentée comme une souffrance physique tout au long du film. Cris, insultes, sueur, sang, visages déformés, rien n’est épargné. Mais cela fait aussi partie de la force de ce film, même si dans le fond, tout est exagéré.
Disons que la réalisation de Chazelle est un peu manipulatrice, et qu’il a probablement parfois usé de « facilités » pour faire entrer le spectateur dans son film…
En résumé, j’ai aimé ce film pour son engagement, sa façon de filmer la musique, et notamment le jazz, comme une pure énergie. Mais on peut rester sceptique devant le message qu’il véhicule et sa vision un peu monolithique de la pratique musicale. Regardez-le, aimez-le ou pas, et venez nous en parler !