Itinéraire d’un salopard
La disparition de Josef Mengele / Olivier Guez
1949 : Josef Mengele arrive en Argentine. Caché derrière divers pseudonymes, l’ancien médecin tortionnaire à Auschwitz croit pouvoir s’inventer une nouvelle vie à Buenos Aires. L’Argentine de Peron est bienveillante, le monde entier veut oublier les crimes nazis. Mais la traque reprend et le médecin SS doit s’enfuir au Paraguay puis au Brésil. Son errance de planque en planque, déguisé et rongé par l’angoisse, ne connaîtra plus de répit… jusqu’à sa mort mystérieuse sur une plage en 1979.
Comment le médecin SS a-t-il pu passer entre les mailles du filet, trente ans durant ?
L’Argentine, paradis des nazis
Olivier Guez retrace la deuxième vie de celui qui était surnommé « l’ange de la mort » à Auschwitz. En 1949, lorsque Josef Mengele débarque en Argentine sous le nom de Helmut Gregor, rien ne transparaît sur sa véritable identité. Seules quelques personnes savent qui est réellement cet allemand qui fréquente la haute société argentine. Sa vie s’écoule tranquillement jusqu’au jour où son nom refait surface dans les procès. Il est à son tour traqué comme Eichmann qu’il croisera quelques années avant son rocambolesque enlèvement par le Mossad pour être jugé pour ses crimes. Obligé de se cacher pour échapper à ses poursuivants, il s’enfuit au Paraguay puis au Brésil bénéficiant du soutien financier de ses proches restés en Europe et d’un réseau local actif. Affaibli, malade et parano, il meurt mystérieusement en 1979 sur une plage brésilienne. Ses restes seront stockés dans un placard de l’institut médico-légal de Sao Paulo et aucun membre de sa famille ne réclamera sa dépouille.
Un fort sentiment d’injustice
Au terme de cette enquête romancée extrêmement bien documentée, le lecteur en ressort sidéré. Le nom de Mengele est associé à l’un des pires tortionnaires d’Auschwitz et il apparaît inconcevable que cet homme n’ait jamais été jugé pour ses crimes. Sous la plume fluide de l’auteur, se dessine le portrait d’un homme froid, insensible, cupide, nazi dans l’âme, et pourtant protégé par le pouvoir argentin, sa famille, et nombre de personnes croisées au cours de son périple. Il fallait oser s’attaquer à ce sujet délicat et Olivier Guez a su trouver le recul et les mots justes dans ce roman qui lui a permis de décrocher le prix Renaudot 2017. Un prix amplement mérité…