Le crime d’exister
Kill the Indian in the child d’Elise Fontenaille
d’après une histoire vraie…
Comme tous les jeunes Indiens, Mukwa, 11 ans, est envoyé à Sainte-Cécilia, un pensionnat canadien dont l’éducation est confiée à des religieux. Malheureusement, cet établissement ne ressemble en rien à une école traditionnelle. Pour tout apprentissage, le jeune Ojibwé découvre l’humiliation, la privation de nourriture, les mauvais traitements et même la chaise électrique ! Mukwa cherche à survivre pour pouvoir s’enfuir et rejoindre sa famille…
Le titre reprend le mot d’ordre des pensionnats canadiens tenus par des religieux qui s’étaient donnés pour mission « d’éliminer l’Indien dans l’enfant » : lui faire oublier sa culture, sa religion, ses origines. Ce récit est inspiré de la vie d’un jeune Indien nommé Chanie Wenjack, décédé en 1966 de sa fuite de ce type d’établissement. Cent cinquante mille enfants Indiens ont été envoyés dans ces pensionnats dirigés par des religieux. Trente mille, au moins, sont morts dans des conditions abominables. Le dernier pensionnat a fermé ses portes en 1996 (autant dire hier !).
Les actes de barbarie à l’égard de ces enfants s’enchainent, un sentiment de révolte nous submerge quand on apprend dans la postface de l’auteur qu’il y a eu un procès… mais qu’aucun de ces prêtres et nonnes n’a été condamné.
Grâce à ce livre, Elise Fontenaille rend hommage à l’ensemble de ces Indiens encore traumatisés aujourd’hui et permet de mettre en lumière un pan méconnu de l’histoire de ces peuples.
Une lecture bouleversante mais nécessaire.