Le poids des photos, l’analyse des mots
6 Mois c’est 300 pages de reportages photos, d’analyses associées, de regards sur le monde. 300 pages pleines, sans aucune publicité.
6 Mois c’est un pas de côté et de recul, face à la vitesse affolante de la vie médiatique, qui n’est plus capable d’analyse poussée, croisée et mise en perspective.
6 Mois, c’est le regard d’une humanité et de parties du monde souvent oubliées. Un regard des hommes sur eux-mêmes. Sur leur part d’ombre, leur part lumineuse et leurs interrogations.
A l’heure où la presse s’emballe sur chaque micro-événement, fait de chaque fait divers une catastrophe nationale, il est bon de trouver un journalisme qui porte une voix et une temporalité différentes. Qui installe le temps du débat et donne la parole à chacun.
Mooks un jour, mooks toujours
Créer une revue de photo journalisme, de 300 pages sur papier, en parution bi-annuelle, à l’heure où la presse est en grande difficulté et en pleine mutation, entre info continue et news en 140 caractères, peut être considéré comme une idée folle. Mais ce n’est pourtant pas la première fois que ses créateurs se sont lancés dans une telle aventure.
« Un journal n’est jamais le fruit du hasard, mais la conjugaison d’émotions, de déclics et de rencontres qui s’imposent comme une évidence. Une création de presse est comme une histoire d’amour qui bouscule tout sur son passage. Le chœur des esprits raisonnables s’alarme : « Le photojournalisme est mort ! », « Vous êtes fous »…
Ils ont raison. Mais c’était plus fort que nous.[…] »
Edito, 6 Mois n°1, Printemps 2011
En effet, en 2008, la revue XXI éclate les codes journalistiques et implante le concept de « mook » (contraction de magazine (m) et book (ook)) comme une nouvelle façon indépendante et à contre courant de faire du journalisme. Reportages au long cours, parution trimestrielle auto-financée par les seuls abonnements (aucune publicité), tirage exclusivement papier, l’on prévoyait une trajectoire brève à cette aventure.
7 ans plus tard et un tirage à 50 000 exemplaires, le succès est là et les « mooks » ont proliféré, avec plus ou moins de succès.
Si vous pouvez trouver We Demain (revue sur les initiatives du monde entier), la Revue Dessinée (revue de BD reportage) ou Muze (revue culturelle féminine) à la médiathèque, il en existe beaucoup d’autres qui valent le détour.
On citera Schnock, la revue des vieux de 27 à 87 ans (« Si vous aussi, vous ressentez l’envie d’échapper à l’hystérie de l’époque en faisant un pas de côté et en tournant poliment le dos au jeunisme ambiant, cette revue est faite pour vous. » Site Revue Schnock), Usbek et Rica, la revue qui explore le futur ou encore Feuilleton, revue de reportage et d’actualités littéraires.
La réinvention du photojournalisme
Avec 6 mois, c’est le photojournalisme qui renaît.
Les photojournalistes ont connu un âge d’or dans les années 60, couvrant les grands conflits et événements planétaires pour leurs donner consistance et réalité dans les consciences collectives.
La concentration des titres de presse et la crise de celle-ci, la banalisation et la démocratisation des outils photographiques (appareil photo numérique, portable, tablette, etc.) a fait de chacun un photographe en puissance. Mais quelle place reste-t-il alors au photographe professionnel, au grand reportage et au photojournalisme ?
6 Mois tend à y répondre.
« La photographie et le journalisme ont changé. Alors nous avons imaginé 6 Mois, pour refonder le lien entre le journalisme et la photo, renouer le pacte entre le lecteur et les photographes, trouver le point de rencontre entre l’appétit du public et l’énergie parfois stupéfiante des auteurs. […] »
Edito, 6 Mois n°1, Printemps 2011
Voilà, finalement, la seule chose qu’on pourrait reprocher à cette revue, c’est que 6 mois, c’est long à attendre !