Robert L. Johnson and the Devil Blues
Love in Vain : Robert Johnson 1911 – 1938 de Mezzo et Jean-Michel Dupont
Il est peut-être la première légende du blues, cette musique issue des champs de coton du Mississippi…
Il se dit qu’il aurait vendu son âme au diable pour jouer de la guitare comme personne…
On dit qu’il écrivit 30 chansons, mais que le diable garda la 30e pour lui…
Premier du fameux Club des 27, on l’a dit empoisonné par un mari jaloux ou tué par la syphilis ou par une pneumonie voire les trois à la fois. Sa tombe, revendiquée aujourd’hui à trois endroits différents, fut même frappée par un cyclone…
De la figure légendaire de Robert L. Johnson, on sait peu de choses (en plus de ses 30 chansons et de ses trois tombes, seules 3 photos ont été retrouvées). Mais sa musique a été célébrée par les plus grands (Eric Clapton, les Rolling Stones, Bob Dylan ou encore les White Stripes). Love In Vain en remonte le cours dans une ambiance mélancolique…
L’hommage de deux amoureux du blues
En s’attachant à reconstruire la vie décousue du bluesman, à partir de bribes, le dessinateur Mezzo et le journaliste musical Jean-Michel Dupont rendent hommage à un artiste haut en couleur, mais aussi à une communauté afro-américaine du sud ségrégationniste des années 30, qui exorcise ses malheurs dans l’alcool, le blues et le vaudou…
Je voudrais qu’on m’enterre au bord de la route sur le bas-côté
Pour que le démon qui est en moi puisse prendre un bus et filer
Robert L. Johnson, Me and the Devil Blues
Par son dessin noir et blanc, Mezzo, qui joue sur les ombres et les lumières comme une carte à gratter, met en relief le quotidien précaire et violent des plus démunis de cette époque, de façon extrêmement saisissante.
On y retrouve quelque chose de très cinématographique, de vivant, qui nous plonge littéralement dans l’air moite et chargé de ce sud, terre de légende du blues..
L’écriture travaillée et poétique, couplée à une narration, qui tel un conteur (et quel conteur !) mêle légende et réalité sans que l’on puisse démêler l’un de l’autre…