Mourir d’aimer
N’essuie jamais de larmes sans gants de Jonas Gardell
1982. Rasmus vient d’avoir son bac et quitte la Suède profonde pour la capitale. A Stockholm, il va pouvoir être enfin lui-même et vivre pleinement son homosexualité. Benjamin est témoin de Jéhovah et vit dans le prosélytisme et les préceptes religieux inculqués par ses parents.
Rasmus et Benjamin vont s’aimer envers et contre tout. Autour d’eux, une bande de jeunes gens pleins de vie, qui se sont choisis comme vraie famille. Quand arrive le sida…
Ames sensibles s’abstenir… Il fallait oser écrire un tel roman et Jonas Gardell l’a fait avec brio. Etre homosexuel dans les années 80 en Suède était un véritable défi dans une société qui jusqu’en 1979 considérait légalement l’homosexualité comme une maladie mentale. Et l’auteur ne nous épargne rien.
Il décrit avec un réalisme souvent crû mais jamais vulgaire le quotidien de jeunes homos fraîchement débarqués dans la capitale : la multiplication des partenaires, les rencontres sordides dans des parkings, des parcs, des toilettes publiques, les bars discrets. Et lorsque le sida se propage, ils sont en première ligne…
Les années 80, les années sida
Un roman de 591 pages construit façon puzzle ! Les chapitres relativement courts naviguent entre les vies de Rasmus, de Benjamin, et celles de leurs amis Paul, Bengt, Seppo, Reine, Lars-Ake, tous touchés progressivement par le sida. Le lecteur se retrouve confronté à la déchéance physique et morale de ces hommes qui finissent comme des déchets dans des sacs poubelle. Sans compter le rejet dont ils sont l’objet : abandon de leurs familles, des soignants, de la société.
Seule lueur d’espoir : les débuts de la lutte des homosexuels pour la reconnaissance de leurs droits.
Un livre choc qui se lit d’une traite même s’il faut souvent avoir le coeur bien accroché ! Un grand roman générationnel, témoignage d’une époque et d’une communauté qui revendiquait tout simplement le droit de s’aimer librement. Mais à quel prix !