(Re)naissance d’un pâle empereur
The Pale emperor – Marilyn Manson
I’m the Mephistopheles of Los Angeles
Of Los Angeles
Depuis quelques années, Marilyn Manson semblait n’être plus qu’une pâle copie de lui-même. Emblème de ce qui a été appelé le « shock rock » de par ses attitudes outrancières, discours volontairement exagéré pour provoquer, polémiques avec les conservateurs américains, il avait un peu perdu ce qui faisait son intérêt au-delà des apparences : son art, si j’ose dire; ses qualités musicales, son côté innovant (voir par exemple ci-dessous sa reprise vénéneuse de Sweet dreams (are made of this) des Eurythmics).
Cependant, 2015 signe un retour en grande pompe de celui qui a choqué l’Amérique pendant des années. Après s’être essayé avec un certain talent au métier d’acteur – dans la dernière saison de la série Sons of Anarchy, et dans le film fou de Quentin Dupieux, Wrong Cops – Manson revient aux affaires avec ce superbe Pale emperor.
La première – bonne – impression visuelle passée (magnifiques photos en noir et blanc de Nicholas Cope), c’est le moment de se confronter à la musique.
Et c’est un grand moment. Pas tout à fait réinventé, mais néanmoins beaucoup plus en retenue, Manson puise dans le blues et le hard-rock, apaise sa façon de chanter, et d’une manière générale retrouve en simplicité et en émotion.
It’s very cinematic. The redneck in me comes out in my voice, and its got some old blues mixed with the very hard elements.
Les fans de la première heure seront peut-être déboussolés par ce changement. On est loin en effet de Antichrist Superstar et de son son pachydermique. Ici les guitares sont toujours acérées, mais moins clairement metal. On reconnaît toutefois clairement le son et la voix de Manson, mais avec moins d’effets de manche, et c’est pour le meilleur.