Les aventuriers de la cité perdue
The Lost City of Z, de James Gray
« L’histoire vraie de Percival Harrison Fawcett, un des plus grands explorateurs du XXe siècle. Percy Fawcett est un colonel britannique reconnu et un mari aimant. En 1906, alors qu’il s’apprête à devenir père, la Société géographique royale d’Angleterre lui propose de partir en Amazonie afin de cartographier les frontières entre le Brésil et la Bolivie.
Sur place, l’homme se prend de passion pour l’exploration et découvre des traces de ce qu’il pense être une cité perdue très ancienne. De retour en Angleterre, Fawcett n’a de cesse de penser à cette mystérieuse civilisation, tiraillé entre son amour pour sa famille et sa soif d’exploration et de gloire… »
A la recherche de la citée perdue
Au milieu des blockbusters boostés à l’adrénaline, aux explosions et aux courses poursuites toujours plus infernales et explosives, rares sont les films d’aventure nous ramenant aux sentiments propres d’une quête : la solitude, la perte de repères, l’échec, la persévérance et l’abandon. On est loin, très loin d’Indiana Jones et c’est tant mieux !
Lost City of Z est un film où le héros voit s’affronter deux mondes inégaux. Le sien d’abord, dans lequel il veut redorer le nom de sa famille. L’Angleterre au summum de sa gloire et de sa puissance impérial. Un vainqueur tout puissant, figé dans ses certitudes mortifères d’une supériorité habillée de convenances. Puis celui que Percy Fawcett va explorer, haïr, et qui va l’obséder. Un continent sud américain immense, sauvage, inhospitalier et mystérieux. Un continent marqué par les traces indélébiles d’une exploitation et d’un pillage sans partage depuis Christophe Colomb. Un continent aux veines ouvertes (cf. Eduardo Galeano) qui ne pouvait pas avoir d’Histoire et dont la mémoire fut écrasée.
Pourtant en découvrant les traces d’une civilisation au cœur de la forêt amozonienne, c’est bien cette mémoire qui refait surface, bousculant les croyances et les certitudes de l’explorateur. La mémoire d’une civilisation qui vivait là, qui avait fondé des villes, qui avait construit des routes pour commercer, là où l’on pensait amener la civilisation, là où l’on pensait qu’il n’y avait rien…
Dans les pas d’un mythe
Fawcett a prolongé et inspiré le mythe des citées perdues. Ami de Sir Conan Doyle, il inspirera à ce dernier son célèbre livre, Le Monde perdu ou plus tard Tintin et l’Oreille cassé d’Hergè, Corto toujours un peu plus loin d’Hugo Pratt ou Bob Morane Sur la piste de Fawcett d’henri Vernes. C’est d’ailleurs sur le livre La Citées perdue de Z de David Grann, un journaliste américain parti sur les traces de l’explorateur, que s’appuiera James Gray pour son film.
Avec une réalisation particulièrement brillante, il réussit dans ce Lost City of Z à faire de nous, spectateurs, des témoins tapis dans la moiteur de la jungle amazonienne. La faim, la soif, la lassitude et l’incertitude d’une remontée du fleuve Amazone en pirogue s’ancre dans nos corps. Et à chaque méandre, l’on fixe dans les yeux la folie qui guette ou le mirage d’une révélation d’un monde oublié qui s’envole.
Sans aucun doutes un des meilleurs films sortis en 2017, dans la lignée des films Mission de Roland Joffé ou d’Aguirre la colère de Dieu de Werner Herzog.