Valse dangereuse
La salle de bal de Anna Hope
En 1911 dans le Yorkshire, Ella Fay est internée à Sharston pour avoir brisé une vitre de la filature où elle travaillait depuis ses 12 ans. Révoltée puis résignée, elle participe chaque vendredi au bal des pensionnaires. Au fil de leurs rencontres, Ella s’éprend de John, un Irlandais mélancolique. À la tête de l’orchestre, le docteur Fuller observe ses patients valser. Séduit par l’eugénisme et par le projet de loi sur le Contrôle des faibles d’esprit, Fuller a de grands projets pour guérir les malades. Projets qui pourraient avoir des conséquences désastreuses pour Ella et John…
Thérapie de choc et eugénisme
Ce deuxième roman de l’auteur tient toutes ses promesses. Sous sa plume élégante, les personnages évoluent dans un lieu particulier, l’asile de Sharston, un établissement mixte qui pratique la thérapie par le travail : les hommes aux champs, les femmes aux travaux ménagers. Les journées sont dures et harassantes, les soins limités.
Seul moment de liberté : le bal du vendredi soir, seul endroit où hommes et femmes peuvent se croiser. A l’origine de cette initiative, le docteur Fuller, praticien et musicien éclairé. Etonnamment, cet homme qui prône une certaine modernité dans la façon d’appréhender les patients voue une véritable fascination pour les thèses eugéniques en vogue à cette époque, censées contrôler « les faibles d’esprit ».
L’amour au milieu du chaos
Au milieu de cet univers « carcéral », la rencontre lumineuse entre John et Ella. Ces deux êtres malmenés par la vie vont s’aimer malgré les obstacles nombreux sur leur route. Un amour si fort qu’il changera leur vie à jamais.
Un livre dense et bien documenté qui ne laisse pas beaucoup de répit au lecteur. Construit de façon linéaire, ce récit choral s’articule essentiellement autour des personnages de John, d’Ella et du Docteur Fuller qui prennent la parole tour à tour et donnent vie à cette histoire pleine de silences, de patience et d’espoir… Emouvant, tout simplement.