Vertiges de l’amour
I love you, honeybear de Father John Misty
Et voila le deuxième album de Father John Misty ! Cet étrange pseudonyme est celui de Josh Tillman, ex-batteur du groupe folk Fleet Foxes, qui a également quelques albums solo en son nom propre à son actif (évidemment disponibles dans votre médiathèque préférée !). Cependant, il a assez rapidement eu envie de passer à autre chose que de rester derrière ses fûts :
C’était une expérience frustrante. On ne me demandait pas grand-chose. Je devais être présent et jouer la batterie quand il le fallait. C’est déprimant de passer sa vie en tournée pour si peu.
Après un premier disque plutôt noir, mais également drôle, il semble que le sieur Tillman sous son alias pseudo-mystique ait découvert (retrouvé ?) l’amour, et visiblement, ça lui convient bien, puisqu’il nous délivre ce très beau I love you, honeybear.
De l’amour… mais pas que !
Car bien sûr, y compris dans la chanson titre, l’humour noir est toujours bien présent :
I brought my mother’s depression / You’ve got your father’s scorn and wayward aunt’s schizophrenia
But everything is fine / Don’t give in to despair / ‘Cause I love you, Honeybear
C’est un curieux disque, un genre d’ode à l’amour, mais un peu inquiet, limite cynique.
[Josh Tillman] a rencontré l’amour, s’est marié et, depuis quatre ans, s’est vu pousser des ailes tout en se sentant envahi par l’angoisse de la dépendance, de n’exister qu’avec et par l’autre.
Classique dilemme, que Father John Misty — un nom qu’il s’est choisi pour se libérer de celui qu’on lui a donné — chante avec verve et impudeur, basculant continuellement entre reniement (de soi, de l’autre) et élévation (
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Cela se traduit aussi par les différentes ambiances sonores : « True affection » est un ovni electro, « When you are smiling and astride me » et « Strange encounter » évoquent un peu les Eagles, et le titre « Bored in the USA » – hommage détourné à Springsteen bien sûr – est une ballade au piano, simple, mais avec un côté épique, et des rires enregistrés dignes des meilleures sitcoms des années 80…
Un bien bel album, aux paroles assez critiques et caustiques, mais avec une musique et des arrangements lumineux. Merci Father John Misty.