Virée dans les années 90
90’s, Film de Jonah Hill
Dans le Los Angeles des années 90, Stevie, 13 ans, a du mal à trouver sa place entre sa mère souvent absente et un grand frère caractériel. Quand une bande de skateurs le prend sous son aile, il se prépare à passer l’été de sa vie…
Un point sur le cinéma de l’année passée
En ce début d’année, il est temps de faire le point sur l’année passée en matière de cinéma. Le cinéma coréen a fait encore une fois son grand retour sur la scène internationale et on ne compte plus les prix pour le film de Bong Joon-ho, Parasite. Une année qui a été par ailleurs riche en pépites cinématographiques, avec la parution du dernier film de Tarantino, quelques pieds de nez envers la politique des auteurs pour des réalisateurs comme Peter Farrelly et son Green Book, ou Todd Phillips avec la réalisation du Joker. Le cinéma français a su aussi faire sa place avec notamment Le chant du loup de Abel Lanzac.
Difficile de faire sa place parmi tous ces noms, mais si on devait me demander le film de 2019, je serais contraint de faire une trahison au cinéma coréen pour un film américain d’un tout jeune réalisateur : 90’s de Jonah Hill.
De l’autre côté de la caméra

Jonah Hill vous dit sans doute quelque chose, jeune acteur de 36 ans, il a joué dans de nombreux films du plus lourdingues comme 21 et 22 Jump Street, du doublage dans de nombreux films d’animation comme Dragon ou Sausage party, et un rôle non négligeable dans l’excellent Loup de Wall Street. A l’annonce de sa première réalisation, je fus surpris et inquiet de me retrouver une nouvelle fois devant une sausage (malheureusement ce film est disponible dans nos murs, aïe !). Mais en réalité 90’s est une réussite dans ses inspirations et son émotion.
Un premier film prometteur
90’s débute sur Stevie, 13 ans, un T-shirt de la série des tortues ninja comme pyjama, qui rentre dans la chambre de son grand frère violent et en pleine rupture, Ian. Décor de la chambre, poster sur les murs, un lecteur CD entouré de CDs gravés et des magazines : on y est, les années 90. Stevie jauge la pièce, lui aussi veut goûter au fruit. Pour s’affirmer il décide de se lancer dans le skateboard et rencontre ainsi sa bande d’amis, bien plus âgés. Le rêve débute, Stevie, renommé Sunburn par le groupe, skate, fume et boit pour faire comme les autres. Il vit ses premières expériences de liberté bien loin de sa famille. Le film prend le temps et étire ce plaisir de revivre ces moments de jeunesse entre amis : les longues virées entre potes à discuter des filles, de ses idoles du moment ou tout simplement ne rien faire et laisser couler le bitume sous nos Vans. Le film vous laissera là et vous serez frustrés de ne pas pouvoir encore capter de cette minuscule capsule de vie.

Jonah Hill a le souci du détail dans sa réalisation pour retranscrire au mieux ce que représente grandir dans les années 90 à Los Angeles. Le film est filmé en 4:3 avec un grain particulier des vieux caméscopes de l’époque, particulièrement prisés des jeunes skateurs heureux de regarder leurs exploits sur cathodique. La presse américaine a comparé 90’s à Kids de Larry Clark mais à tort selon le jeune réalisateur. Il est vrai que l’on retrouve des points communs entre ces deux réalisations : la jeunesse pauvre et rebelle des villes américaines, la drogue et le sexe cru. Mais Kids est un film dramatique. À l’inverse, 90’s partage l’optimisme, une forme de nostalgie et de plaisir de retrouver un âge où l’on tente, où l’on peut parcourir des kilomètres juste entre amis, où l’on vit la liberté.
Je vous laisse j’ai une planche à sortir du placard !