Voyage au bout de l’enfer
L’Envers de l’espoir de Mechtild Borrmann
2010. Valentina qui vit dans la zone d’exclusion de Tchernobyl espère des nouvelles de sa fille partie poursuivre des études en Allemagne. En attendant, elle écrit son journal dans lequel elle raconte sa vie avant, pendant et après la catastrophe du 26 avril 1986. Dans le même temps, en Allemagne, Matthias Lessmann, un veuf solitaire, vient en aide à une jeune femme poursuivie par des hommes en 4*4 noir. Parallèlement, Leonid Vitaliovitch Kyjan, inspecteur ukrainien, enquête sur la disparition inquiétante de jeunes ukrainiennes en Allemagne…
Entre polar et Histoire
Entre passé et présent, les destins des personnages se croisent et s’entrecroisent habilement jusqu’au chapitre final où les pièces du puzzle vont s’emboîter parfaitement. Au fil des pages, se dessine une histoire terrible sur fond de communisme, de drames humains et de catastrophe nucléaire. Dans ce polar ancré dans le réel, l’intrigue plutôt classique est avant tout un prétexte pour dénoncer les horreurs d’un système politique du passé et ses conséquences sur la période contemporaine.
L’Ukraine, un pays à la dérive…
Ce roman a pour toile de fond Tchernobyl et ses dommages collatéraux. Mechtild Borrmann s’appuie sur une très bonne documentation historique pour décrire tour à tour le rôle des autorités russes, la désinformation, les liquidateurs sacrifiés, les villages rasés, l’exil forcé et les traumatismes vécus par une population laissée à l’abandon. Elle évoque aussi l’Ukraine actuelle en proie à des difficultés majeures : une police et une administration gangrenées de l’intérieur, les mafias et les trafics en tout genre, des habitants qui survivent dans des conditions extrêmes, la révolution orange et ses déceptions…
Bref, ce roman captivant au style agréable laissera le lecteur sans illusion sur la nature humaine… Une belle découverte et un nouvel auteur incontournable !